Nettoyage, consigne, paiement : pluie de mesures chez les dépanneurs pour enrayer la contagion

La crise du COVID-19 qui s’abat sur le monde entier oblige les dépanneurs à puiser dans un trésor de ressources et d’imagination pour continuer à servir leur clientèle tout en mitigeant les risques de contagion tant pour eux-mêmes et leurs employés que pour leurs clients et fournisseurs.

Car même en Italie où tous les commerces sont obligatoirement fermés, ceux qui vendent de la nourriture comme les dépanneurs peuvent et même doivent demeurer ouverts en tant que service essentiel.

Mais rester ouvert apporte son lot de défis, à commencer par assurer un environnement sécuritaire malgré les échanges de monnaie, la proximité physique et la manipulation d’objets.

Comment réussir? En faisant tout ce qui est humainement possible, tout simplement!

Un rapide tour d’horizon des pratiques en cours nous montre à quel point les dépanneurs ne reculent devant rien pour assurer la sécurité de leurs employés et de leur clientèle en ces temps difficiles.

sagamie précautions covid-19
La bannière Sagamie a pris les devants en diffusant au profit de sa clientèle les mesures de précaution entreprises pour éviter la contagion en magasin.
Tout doit être propre propre propre

Pour rester ouverts et en affaires, les différentes chaînes de dépanneurs et propriétaires indépendants se sont tous mis au nettoyage discipliné et appliqué de manière militaire.

Et non seulement faut-il nettoyer mais encore plus important, le communiquer à la clientèle pour la rassurer, elle qui demeure méfiante et préoccupée par une situation qu’elle ne maîtrise pas et connait bien peu.

On nettoie donc tout et plus souvent, en particulier les surfaces en contact avec les mains de la clientèle :

  • les écrans digitaux, les pompes, les toilettes, les poignées de porte, les comptoirs;
  • chez Costco, on nettoie la prise des paniers d’épicerie lors de l’entrée de chaque client;
  • certains vont jusqu’à nettoyer le processeur de paiement par carte après chaque contact par un client.

Les employés sont aussi tenus de suivre des consignes plus rigides :

  • se laver les mains fréquemment et correctement et ne pas les porter au visage;
  • garder une distance sociale sécuritaire d’au moins un mètre;
  • pour ceux qui reviennent de voyage ou encore, qui ont des symptomes, de rester chez eux;
  • porter des gants pour les caissiers qui manipulent de la monnaie et ce, même si ce moyen est loin d’être une panacée puisque les gants, tout comme les mains, peuvent être une source de contamination.
prix de l'essence
COMME DANS LE BON VIEUX TEMPS. Les prix de l’essence connaissent une chute vertigineuse, pour le bonheur des clients et même des dépanneurs qui voient ainsi fondre leurs frais de carte de crédit.
Suspension de la consigne

La consigne de bouteilles vides vient par ailleurs d’être suspendue dans la plupart des commerces de proximité de même que les grandes surfaces.

À compter d’aujourd’hui, Metro n’accepte plus les bouteilles vides ni même les cannettes dans ses appareils de récupération, ce qui est aussi le cas chez Maxi (Loblaws) et IGA (Sobeys).

Idem chez Sagamie qui a suspendu le retour des bouteilles ainsi que Couche-Tard. Et si certains les acceptent encore, ce n’est qu’une question de jours avant que les contenants soient refusés partout.

Et c’est parfaitement logique sachant que le virus peut se maintenir plusieurs heures sur une surface lisse comme du verre qui serait venue en contact avec la salive d’une personne infectée.

Toutefois, la suspension de la consigne est techniquement illégale mais à cet égard, Recyc-Québec vient de faire un genre d’exception. L’organisme vient d’émettre un avis invitant les consommateurs à garder leurs contenants chez eux et ce, sous forme d’affiche imprimable que les commerçants peuvent apposer sur leurs portes et fenêtres (voir ici).

Comble d’ironie, le gouvernement caquiste vient juste d’annoncer une vaste réforme de la consigne qui va permettre de l’étendre à une multitude d’autres contenants d’ici les prochaines années.

C’est à se demander si la crise en cours risque de changer la perspective des élus quant au renforcement futur de la consigne! Car avouons-le d’emblée, le bac bleu est bien plus hygiénique.

affiche recyc-quebec
Pour un temps indéterminé et jusqu’à nouvel ordre, les contenants consignés ne sont plus acceptés et ce, incluant les cannettes dans les compacteurs. Tout cela avec la bénédiction de Recyc-Québec qui fournit même une affiche pour les détaillants, afin de bien faire comprendre que cette pratique vient d’en-haut (cliquez ici pour accéder à la page où l’on peut télécharger l’affiche).
Fin du prêt-à-manger non emballé 

Plusieurs ont également mis un terme à la vente de toute nourriture non emballé comme des muffins, des chocolatines et des croissants.

C’est le cas de la bannière Sprint à Québec qui a retiré ses bars à bonbons de même que fermé son comptoir de prêt-à-manger chaud.  Idem chez plusieurs autres qui, désormais, n’offrent plus que du prêt-à-manger préparé dans un environnement sécuritaire et dûment emballé avant d’être étalé à la clientèle.

Par ailleurs, plusieurs incitent les clients à payer par carte plutôt que comptant mais sans en faire une obligation. Cette approche convient à la Banque du Canada qui rappelle que certains n’ont d’autres choix que de payer comptant car ce n’est pas tout le monde qui a une carte bancaire ou de crédit.

dépanneur daka
Au Dépanneur Daka, tous les aliments vendus doivent sans exception désormais être emballés comme les croissants, muffins et chocolatines.
Fourniture de biens essentiels

Un tour d’horizon nous indique que les dépanneurs ont moins soufferts que les grandes surfaces des achats de panique mais plusieurs ont rapidement manqué de désinfectant et autres produits fort en demande.

On nous rapporte toutefois une hausse sensible des ventes de produits de vapotage qui pourrait soit répondre à une crainte de pénurie, soit un besoin de décompresser dans la foulée de la crise.

Sur ce plan, les dépanneurs sont de fins psychologues et plusieurs n’hésitent pas à baisser le niveau d’anxiété avec une pointe humour et de détente.

Quand on dit que les dépanneurs sont au coeur de la communauté, ce ne sont pas des paroles en l’air!

Tout pour faire arracher un sourire en ces temps difficiles est fortement bienvenu!
Une industrie transformée à jamais?

Il est à se demander, enfin, ce qu’on retiendra de cette crise et à quel point elle risque de changer pour de bon nos habitudes et les façons de faire de l’industrie.

Par exemple, les dépanneurs qui offraient la livraison avant la crise ont certainement le haut du pavé en ce moment. Ils sont avantagés par la situation et voient ainsi leur volume augmenter.

Ceux qui n’ont jamais osé se lancer dans ce service — comme Couche-Tard par exemple — vont peut-être y songer à deux fois.

Il en va de même pour l’épicerie en ligne qui n’a jamais vraiment encore décollé mais qui pourrait bien cette fois connaître son envol.

En effet, nous avons appris aujourd’hui que les sites de IGA et Metro ont croulé sous la demande et cessé de fonctionner pendant plusieurs minutes.

La livraison deviendra-t-elle un must? C’est fort possible que ce soit effectivement le cas.

épicerie en ligne
L’épicerie en ligne et la livraison reposent sur une logistique coûteuse et complexe, comme on le voit sur cette photo prise dans un supermarché Metro où une employée fait des emplettes sur commande. La pertinence d’offrir ce service est peut-être toutefois en train de décoller pour de bon.

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