EXCLUSIF – Consigne: le tiers des dépanneurs optent pour reprendre les canettes jusqu’en 2025

Un mois après le lancement de la réforme substantielle de la consigne au Québec, les premières statistiques sur la participation des dépanneurs à la collecte transitoire optionnelle montre qu’une minorité significative d’entre-eux ont confirmé leur intention de poursuivre cette pratique. Cette tendance pourrait néanmoins évoluer à la hausse au cours des prochains mois étant donné que, jusqu’à présent, seulement la moitié se sont inscrits auprès de l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB) et ce, malgré l’obligation réglementaire de le faire avant le 15 octobre 2023.

En effet, les données recueillies et analysées par DepQuébec auprès de l’AQRCB démontrent que près du tiers des dépanneurs, soit 1714 sur 5320 (32,2%), se sont portés volontaires pour poursuivre la collecte des canettes en aluminium jusqu’en mars 2025, date à laquelle la consigne s’étendra aux contenants en plastique. Cette proportion, bien que significative, apparaît plus faible que prévue si l’on en croit divers sondages publiés dans le passé montrant que la moitié environ des dépanneurs — et non le tiers — valorisent en général l’apport de la consigne à leur commerce.

Dépanneurs qui continuent la consigne
La participation des dépanneurs à la consigne transitoire varie passablement selon la région. Celles de la Capitale-Nationale, Laval, Chaudière-Appalaches et Lanaudière affichent les meilleurs taux tandis que l’Outaouais, la Gaspésie le Bas-St-Laurent et l’Abitibi traînent de la patte. On observe aussi en général que les dépanneurs avec essence participent davantage, ce qui reflète sans doute le fait qu’ils sont plus nombreux à faire partie de grandes bannières. Cliquer sur le graphique pour l’agrandir.

On s’inscrit pour participer

Que les dépanneurs veuillent participer à la consigne ou non, ils doivent s’inscrire sur le site de l’AQRCB en tant que détaillant, une obligation légale que beaucoup semblent ignorer (voir règlement 54,1 en fin d’article). De fait, seulement 48,1% des détaillants dans l’ensemble se sont inscrits à date, soit 49% pour les dépanneurs avec essence et seulement 41% pour les dépanneurs traditionnels, sans essence. Quant aux tabagies, le taux d’inscription est d’à peine 5%!

Inscription des détaillants
Les dépanneurs et tabagies, on le voit sur ce tableau, ont été beaucoup moins nombreux, toutes proportions gardées, à s’inscrire au portail de l’AQRCB contrairement aux supermarchés et dans une moindre mesure, aux épiceries.

Pour la vaste majorité de ceux qui se sont inscrits, la volonté de poursuivre la consigne prédomine largement, ce qui laisse présager que le potentiel de participation est loin d’être atteint.

Tous les inscrits doivent mentionner la superficie de leur surface de vente. Ceux de 375 m2 ou moins ne sont pas visés par la collecte.  S’ils veulent poursuivre, ils doivent donc se porter volontaire, tandis que les autres (supermarchés et grandes surfaces) doivent tous participer. Ainsi, on voit au tableau du haut que parmi les inscrits non visés par la collecte, la vaste majorité souhaitent la continuer.
Une décision d’affaire

La décision de continuer ou non la collecte de canettes d’aluminium est une question complexe pour les dépanneurs, soulevant des considérations variées et souvent contradictoires. Chaque dépanneur est confronté à un dilemme unique, influencé par des facteurs tels que la logistique, les coûts, et les avantages potentiels.

« Chez nous, la moitié des dépanneurs continuent et l’autre, non. C’est vraiment du cas par cas, en fonction notamment de l’état de la concurrence autour du magasin. » — Jacques Falardeau, Super Sagamie

D’une part, certains dépanneurs perçoivent la collecte des canettes comme un fardeau financier et logistique. Les coûts associés au temps investi pour collecter les canettes, rembourser la clientèle, stocker et gérer les contenants peuvent s’avérer onéreux et peu rentables, en particulier pour les petits commerces avec des marges bénéficiaires limitées.

D’autre part, il existe un argument commercial fort en faveur de la poursuite de cette pratique. En offrant un service de consigne, les dépanneurs peuvent attirer des clients en magasin, les incitant à faire des achats supplémentaires. De plus, en permettant aux clients de retourner leurs canettes sur place, les dépanneurs peuvent éviter qu’ils se rendent chez des concurrents, contribuant ainsi à fidéliser la clientèle et à stimuler les ventes.

En fin de compte, la décision de chaque dépanneur dépendra de son contexte spécifique, incluant sa clientèle, sa situation géographique, ses capacités de stockage et ses objectifs commerciaux. Cette décision stratégique doit donc être mûrement réfléchie, en tenant compte des avantages à court terme et des implications à long terme pour l’entreprise.

« Moi, j’ai décidé de continuer d’accepter les canettes parce que j’ai un Maxi pas loin qui vend la bière pas cher et donc, je ne tiens pas à leur envoyer ma clientèle. » — Un propriétaire de dépanneur en région

Une consigne en chantier 

La consigne connaît présentement sa réforme la plus importante depuis sa création en 1984. Tous les contenants de boissons en aluminium de 100 ml à 2 litres sont dorénavant assujettis à une consigne de 10 cents. Et bien que cette mesure soit significative, elle n’impose plus aux détaillants de petite surface (375 m2 ou moins) la collecte des contenants en aluminium durant cette première phase, sauf s’ils optent pour une participation volontaire. Cette exemption persistera jusqu’en mars 2025, période à laquelle la consigne inclura également les contenants en plastique. Dès lors, tous les dépanneurs seront automatiquement exemptés de cette obligation, le volume à collecter devenant alors tout simplement trop important.

Rappelons que selon l’article 54.1. publié le 30 août 2023 dans la Gazette officielle (voir ici), « tout détaillant doit, au plus tard le 15 octobre 2023, fournir à tout producteur, au moyen d’une application prévue à cette fin par ce dernier sur son site Web, son nom, son numéro de téléphone, son adresse courriel, le nom de son représentant, le nom, l’adresse et la superficie de chacun des commerces qu’il exploite qui est visé à l’article 45 ainsi que l’adresse du lieu de retour qu’il est prévu d’associer à chacun d’eux. »

Si vous êtes un détaillant non encore inscrit, dépêchez-vous de cliquer sur ce lien pour vous enregistrer: INSCRIPTION AQRCB.

Pour obtenir le portrait complet et détaillé par des graphiques de la participation des détaillants en alimentation à la consigne en date du mois de novembre 2023 tel que compilé par DepQuébec, écrivez à [email protected].

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