« Les masques sont efficaces: les gens devraient tous en porter » – Prof. Kim Woo-joo, Corée du Sud

Séoul est située à 1,400 km de Wuhan, soit grosso modo la distance Montréal – Halifax. Il s’agit de la capitale de la Corée du Sud, un pays de 52 millions d’habitants. Le Québec, pour sa part, se trouve à 11,500 km de Wuhan et sa population s’élève à seulement huit millions d’habitants.

Sachant tout cela, il est difficile de comprendre pourquoi il y a chez nous présentement deux fois plus de cas confirmés de Covid-19 qu’en Corée du Sud, soit 20,000 cas versus 11,000 et ce, alors que ce pays asiatique est huit fois plus proche du foyer d’infection et sept fois plus populeux que nous.

Dans une entrevue diffusée le mois dernier sur YouTube et vue par 6 millions de personnes, la plus grande autorité scientifique coréenne sur les coronavirus propose un début de réponse. Selon le professeur Kim Woo-joo de la Korea University Guro Hospital de Séoul, la différence tient en bonne partie au fait que les Coréens ont accès à des masques et les portent, contrairement à nous.

« Les masques sont un moyen efficace de prévenir les infections. Une des raisons pour laquelle la Corée a un taux d’infection moindre est parce que les gens portent des masques et se lavent les mains régulièrement. » — Professeur Kim Woo-joo, 24 mars 2020

Tiens, tiens. Des propos tenus alors que l’OMS déconseillait encore aux gens d’en porter, incluant son porte-parole québécois, M. Horacio Arruda, une position face à laquelle le Professeur Kim Woo-joo a exprimé son profond désaccord.

Or, les autorités de santé publique au Québec viennent justement d’annoncer qu’ils s’apprêtent à changer leur position sur les masques. Mais pourquoi s’apprêter? Faut-il réunir un conclave ou consulter les astres?

Car si l’on en croit le professeur Kim, ce n’est pas compliqué: tout le monde devrait en porter…  et bien sûr, à commencer par les employés des épiceries et dépanneurs.

Et arrêtez de dire que les masques « servent davantage à protéger les autres » que soi-même: ils servent tout autant à se protéger contre les virus des autres, voyons!

Car comme dit le professeur, « Pourquoi pensez-vous diable que les médecins en portent? »

kim woo-ju
Pays voisin de la Chine avec une population de 52 millions, on y dénombre aujourd’hui moins de 11,000 cas confirmés de coronavirus contre près du double au Québec avec sa population sept fois moindre et qui se trouve huit fois plus éloigné du foyer d’infection. Or, selon le professeur Kim Woo-joo, c’est en grande partie parce que tout le monde en Corée du Sud porte un masque que le taux d’infection y est si bas. Cliquez sur l’image pour accéder à la vidéo sur Youtube.
De bien belles mesures mais sans masque

Pendant que la Corée du Sud se tire bien d’affaire au point de pouvoir laisser de grands pans de l’économie fonctionner sans confinement, le Québec s’enfonce dans la pandémie avec le pire score de cas confirmés au Canada et ce, malgré cinq semaines de confinement pourtant fort discipliné, strict et respecté aux dires même du premier ministre, François Legault.

Il reste que confinement ou pas, il faut bien faire son épicerie. Or, même si la vaste majorité des exploitants appliquent avec une rigueur exemplaire et irréprochable les consignes de la santé publique, il demeure que très peu de gens présentement ne portent de masque — ni client ni employé — ou encore, semble conscients de l’importance d’en porter un.

Aux États-Unis, le vent a tourné et l’on encourage fortement le port du masque. Au Canada, l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, vient tout juste de le recommander. Mais au Québec en revanche, tout ce qui concerne le port du masque a été minimisé et banalisé dès le départ par M. Horacio Arruda et ses consorts.

Ainsi, lors de nos récentes visites d’achats essentiels dans un Wal-Mart, un Metro, un dépanneur, une SAQ ainsi qu’une épicerie indépendante, un seul employé à date sur tous ceux croisés dans ces cinq magasins a osé porter un masque. Tout le reste du personnel rencontré travaillait sans masque, dans le public.

Et bien que les mesures mises en place jusqu’à présent sont toutes louables — désinfection de panier, triage des clients, lavage de main, distanciation sociale aux caisses et vitres plexiglass — il demeure que les contacts rapprochés dans un lieu commercial aussi clos sont inévitables. La contagion peut donc se poursuivre et elle se poursuit.

masques corée
Contrairement au Québec, la vaste majorité des gens en Corée du Sud revêtent un masque en public ou encore, lorsqu’il doivent se rendre dans un lieu clos et confiné. Imaginez alors ceux qui travaillent dans le public!
Quatre employés d’épicerie infectés

Or, on apprenait justement hier (voir ici) que quatre employés d’un IGA à Lévis viennent d’être testés positifs pour le coronavirus.

D’après le quotidien Le Soleil, un premier employé du IGA au 53 boul. Kennedy à Lévis a été dépisté positif à la COVID-19 le 11 avril, mais son dernier jour de travail remonte au 6 avril. Deux autres travailleurs ont reçu un résultat positif le 14 avril (derniers jours de travail les 7 et 10 avril). Quant au quatrième employé, il a appris qu’il avait été infecté par le coronavirus le 18 avril (dernier jour de travail le 3 avril).

C’est donc depuis début avril que le virus était présent dans ce supermarché et s’est possiblement propagé aux autres employés et clients… tous sans masque.

Est-ce la pointe de l’iceberg? Et faut-il attendre d’avoir plus de gens infectés avant de l’imposer?

metro sans masque
Ces employés d’un supermarché Métro à Montréal bénéficient de toute la panoplie de mesures recommandées par la santé publique québécoise. Cela dit, ils ne portent pas de masque et comme on le voit, sont forcés de travailler souvent côte-à-côte. Il est presque impossible de respecter la distanciation de deux mètres dans de telles conditions.
Jusqu’à 10,000 personnes asymptomatiques au Québec?

Au moment de l’entrevue du professeur il y a un mois, la Corée comptait 9,000 cas. Seulement 2000 se sont ajoutés depuis.

Or, d’après les statistiques coréennes, 20% des personnes testées positives sont asymptomatiques. Elles peuvent transmettre le virus sans présenter aucun des symptomes associés à la maladie comme la fièvre ou la toux.

En projetant ce nombre sur nos 20,000 cas confirmés, cela signifie 4,000 personnes en tout. Mais puisque la vaste majorité des personnes testées sont symptomatiques, on peut déduire qu’il existe un vaste contingent de Québécois qui ignorent porter le virus et sillonnent présentement les épiceries et dépanneurs pour se nourrir.

Combien sont-ils? Votre chiffre est aussi bon que le mien mais cela pourrait fort bien atteindre 6,000, 8,000 voire même 10,000 personnes.

Et si le deux mètres est la règle d’or à respecter, ce n’est pas un absolu non plus.

Les postillons de salive que nous éjectons sans le savoir en respirant et en parlant normalement ont un volume de 5 microns environ et tombent sous l’effet de la gravité dans une distance de deux mètres ou moins.

pays avec masques
Après 40 jours de pandémie, on peut distinctement séparer les pays dont les citoyens portent des masques de ceux qui n’en portent pas.

Mais il suffit, selon le professeur, qu’une personne parle un peu plus fort, soit plus agitée, siffle, chante ou autre, et la distance peut être beaucoup plus grande. Et on ne parle même pas ici de toussottement!

Pour une culture du masque

Dans un tel contexte, le masque est efficace en empêchant le virus de pénétrer dans la bouche et le nez. Ce dernier peut aussi entrer par les muqueuses des yeux de sorte qu’avec une paire de lunette par-dessus le masque, la protection est complète. Et bien entendu, le lavage des mains est primordial tout comme la manipulation appropriée et sécuritaire du masque utilisé.

Et pas seulement pour protéger les autres, mais bien pour se protéger soi-même contre les autres!

« Regardez la Chine, Hong Kong, le Japon et la Corée. Dans tous les pays asiatiques, les gens portent des masques. Pendant ce temps là, si vous regardez dans les pays européens et aux États-Unis, le virus se répand rapidement. » — Professeur Kim Woo-joo, 24 mars 2020

Et en Corée, pas de difficulté à s’en procurer. Ils ont facilement accès à des masques KF94 qui sont l’équivalent de N95.

« Pourquoi pensez-vous que les médecins portent des masques dans les hôpitaux? Ils les portent parce que les masques préviennent la contagion. Durant les épidémies du SARS et du MERS, les masques ont prouvé leur efficacité. (…) Je crois que c’est problématique de dire aux gens de ne pas porter de masque. » — Professeur Kim Woo-joo, 24 mars 2020

Le Québec ne fait pas le poids face à la Corée du Sud, et Horacio Arruda non plus face à Kim Woo-joo.

En attendant le vaccin, mettez vos masques, faites-en porter par vos employés si vous êtes propriétaires d’épicerie ou de dépanneur et si vous n’en avez pas, faites-en. Il y a plein de recettes et de façons de faire disponibles sur Internet.

Rappelez-vous enfin qu’on connaît très peu ce virus et surtout, ses effets à long terme. S’il est bien établi que le taux de mortalité est faible pour les moins de 50 ans, il pourrait avoir des effets à long terme que l’on ne connaît pas et ce, même chez ceux qui ont très peu de symptomes, voire même rester présent à vie dans l’organisme.

À toutes ces questions lancinantes, il n’y a pas encore de réponse définitive de sorte que pour paraphraser les gens de la santé publique, le principe de précaution s’applique ici… et pas à peu près.

Et cela passe par le port obligatoire du masque en public. On s’y habitue vite, vous verrez!

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