Pour la première fois, une étude vient confirmer les avantages d’offrir les vins SAQ en dépanneur

Des 14 scénarios étudiés par une grande firme de renommée mondiale retenue par le gouvernement, le seul qui s’avère porteur est celui de permettre la distribution des vins SAQ dans les épiceries et dépanneurs.

Et non seulement cette alternative génère-t-elle le plus d’avantages pour les consommateurs, mais l’étude recommande en outre qu’une marge de 28% (au lieu de la marge actuelle de 16%) soit octroyée aux détaillants sur les vins de la SAQ, quitte à ce que les dépanneurs vendent ceux-ci un peu plus chers, la différence étant une “prime à la commodité” servant à couvrir les frais de distribution et que les consommateurs n’auront aucun problème à payer, selon les auteurs de l’étude.

Bienvenue dans le Québec du futur où les Bordeaux, Bourgognes, Chiantis et milliers d’autres vins à appellation à origine contrôlée (AOC) ne sont désormais plus la chasse gardée des quelques 400 magasins de la SAQ et de ses agences agréées, mais deviennent librement disponibles aussi dans les 8000 dépanneurs et épiceries du Québec.

Et ce n’est pas DepQuébec qui se met à rêver, mais bien PricewaterhouseCoopers, une firme conseil de gestion de réputation mondiale qui a mené une étude à ce sujet pour le compte du ministère des finances du Québec dévoilée en septembre dernier et passée plutôt inaperçue dans le bouhaha de la campagne électorale.

Détaillants heureux et consommateurs gagnants

Intitulée “Évolution du modèle d’affaires de la SAQ”, l’étude s’est donné pour objectif “d’appuyer la réflexion du gouvernement quant aux moyens d’améliorer le modèle d’affaires de la SAQ et aux évolutions possibles de celui-ci.”

Autrement dit, on s’est demandé comment assouplir le monopole actuel sans tout défaire, en causant le moins de dommages possibles pour les emplois, actifs et modèle de fonctionnement de la société d’État.

Or, s’il appert qu’en dehors du statu quo, aucun modèle envisagé ne permet d’épargner la SAQ, le seul changement vraiment assez intéressant pour valoir la peine d’être entrepris est celui concernant une distribution plus large de ses vins dans les réseau des épiceries et dépanneurs.

En suivant une méthodologie très rigoureuse et en analysant les impacts de trois grands scénarios sur les 14 analysés, l’étude conclut que l’offre de vins SAQ dans les dépanneurs et épiceries susciterait le plus d’avantages pour les consommateurs, tant au chapitre de l’accès des produits qu’à celui de l’appui de cette mesure au sein la population, celle-ci ayant naturellement un effet positif tangible dans leur vie de tous les jours.

Dans le tableau récapitulatif de l’étude, bleu représente les impacts positifs et rouge, négatifs. On voit ainsi très clairement que le Scénario 3, qui envisage la distribution des vins SAQ en dépanneurs, est celui qui se démarque le plus de tous les autres en offrant le plus de changements positifs auprès des consommateurs.

Mais attention: les auteurs de l’étude mettent certains bémols à toute l’affaire.

“Deux réglementations principales seront instaurées afin de limiter les pratiques de commercialisation malsaines : L’instauration d’un prix plancher et le fait de ne pouvoir utiliser plus de 30 % de l’espace total accordé aux produits alcoolisés pour les produits actuellement vendus à la SAQ.” – Page 88 de l’étude

Les associations de détaillant se réjouissent

Rejoint par DepQuébec, le PDG de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), Pierre-Alexandre Blouin, s’est réjouit de la perspective de voir les vins de la SAQ vendus en épiceries et dépanneurs.

« Nous avons la chance au Québec d’avoir un réseau de commercialisation privé étendu et varié, grâce aux 8000 dépanneurs et épiciers présents sur tout le territoire. Cela fait plusieurs années que nous croyons que ce réseau pourrait être davantage et mieux utilisé pour répondre aux demandes des consommateurs qui réclament une offre de produits élargie dans nos magasins. La loi 88 a été un pas dans la bonne direction mais nous pourrions clairement aller plus loin, si l’ouverture était là. » – Pierre Alexandre Blouin

Le PDG de l’ADA, Pierre Alexandre Blouin, estime que le réseau des 8000 dépanneurs et épiceries du Québec pourrait être davantage mis à profit pour mieux répondre aux goûts des consommateurs en matière de vins.

Par ailleurs, l’étude identifie plusieurs autres retombées positives de cette mesure:

  • les détaillants pouvant aussi vendre des spiritueux, cela viendrait dynamiser cette industrie en l’incitant à développer de nouveaux liens d’affaires;
  • les producteurs québécois de spiritueux obtiendrait un plus grand champ de distribution et de rayonnement;
  • même en considérant l’impact négatif que cette mesure aurait sur l’industrie du vin embouteillé au Québec, les auteurs juge l’impact global positif;
  • pour les gouvernements, la hausse potentielle des prix de 12,4 % chez les détaillants autorisés influencerait positivement les revenus de taxes;
  • quant à la SAQ, la forte pression de la concurrence et l’importante perte du volume de ventes causeront une dévalorisation , sans même qu’elle ait réalisé des gains de vente d’actifs. Elle pourrait toutefois répondre à ce défi en fermant certaines succursales et en se spécialisant dans une offre conseil à grande valeur ajoutée, devenant ainsi la destination des connaisseurs.
Le vin: voie d’avenir des dépanneurs?

Rappelons-nous une chose importante qu’on tend à oublier: la SAQ n’est pas et n’a jamais été une fin en soi.

La priorité du gouvernement doit être de mieux satisfaire les consommateurs/contribuables et en ce sens, la vente de vins SAQ dans les épiceries et dépanneurs est un pas en avant incontournable et tôt ou tard, il sera franchi.

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