La SAQ hausse de 40% ses remises de points Inspire et s’approprie une part grandissante des ventes en dépanneur

Malgré des ventes stagnantes, voire déclinantes, la générosité de la Société des alcools du Québec (SAQ) n’a semblé connaître aucune limite l’an dernier lorsqu’il s’est agi de récompenser sa clientèle.

Et tout indique que le résultat visé — et obtenu — est le transfert des ventes faites en dépanneurs et épiceries au profit des ventes beaucoup plus rentables effectuées dans son réseau de succursales.

Manne spectaculaire de points Inspire en 2017-2018

En effet, le monopole étatique de l’alcool a lourdement pesé sur l’accélérateur de son programme de fidélisation Inspire au cours de la dernière année en augmentant de 33,2 M$ à 45,7 M$ — soit près de 40% — la valeur des points émis aux consommateurs par rapport à l’année précédente.

Cette abondante manne équivaut ni plus ni moins à remettre gratuitement une bonne bouteille de vin de 11,15$ aux 4,1 millions de contribuables québécois qui versent des impôts! Est-ce un signe d’année électorale?

Toujours est-il que le consommateur, lui, a pris bonne note : les encaissements de points ont ainsi bondi de 77% au cours de la dernière année pour atteindre une valeur de 41,6 M$, un record.

Ces statistiques largement passées inaperçues ont été diffusées le 26 avril dernier aux parlementaires québécois de la Commission des finances publiques dans le cadre de l’étude annuelle des crédits (voir ici).

Et tout cela alors que le nombre de comptes Inspire n’a augmenté que de 15%!

Un programme de fidélité que seul un monopole peut se payer

Si on applique les ristournes remises sur les ventes totales de la SAQ en succursales en 2017 (2776,2 M$), cela équivaut à un taux de retour de l’ordre de 1,65%, qui fait du Programme Inspire — et de loin — le programme de fidélité le plus généreux de l’industrie.

À titre de comparaison, le programme de fidélité metro&moi remet pour sa part 1 point par dollar de marchandise achetée et 4$ d’achat par 500 points accumulés. Tout bien calculé, donc, le programme Inspire serait deux fois plus généreux que celui de Metro (1,65% pour Inspire versus 0,8% pour Metro).

Donner tant d’alcool gratuitement et à profusion, n’est-ce pas une façon habile de se faire pardonner son monopole et surtout, de concurrencer le réseau des dépanneurs et épiceries qui n’ont pas le droit de faire de même (voir article ici)?

Viser non pas à vendre plus, mais à subtiliser les ventes en épicerie

Parce que le programme de points Inspire est une exclusivité que ne peut s’offrir le réseau des dépanneurs et épiceries, il a pour effet ni plus ni moins que de transférer les ventes d’un réseau à l’autre.

Cet effet se fait visiblement déjà sentir puisque pour la première fois en plusieurs années,  les ventes en dépanneur et épicerie ont nettement décliné au troisième trimestre tandis que celles dans le réseau de la SAQ ont poursuivi leur croissance.

Pour la première fois en cinq ans, les ventes de vin en dépanneurs et épiceries ont décliné par rapport à celles dans le réseau de la SAQ qui, elles, ont poursuivi leur augmentation. Cela supporte l’hypothèse que le levier du Programme Inspire sert davantage non pas à augmenter les ventes totales, mais bien à cannibaliser les ventes faites en dépanneur et épicerie.
De l’argent, de l’argent, encore de l’argent à tout prix

Comme on le voit très bien, la SAQ n’a qu’une idée en tête : faire de l’argent.

Ainsi :

  • non contente de jouir d’un monopole aussi anachronique que désuet sur le commerce de l’alcool;
  • non contente d’interdire aux dépanneurs et épiceries de vendre de réelles appellations (sauf exception);
  • non contente de se donner des marges de plus de 100% mais d’en imposer à 16,5 % à ses concurrents, les dépanneurs et épiceries;
  • non contente de se donner un programme de points exclusif sans le partager bien sûr avec les deps et épiceries…

Mais encore faut-il qu’elle en rajoute en plus pour maximiser ses gains et écraser la compétition qui ne jouit pourtant d’aucun de ses précieux privilèges.

Décidément rien de rien ne satisfera jamais son appétit gloutonnesque, insatiable et sans fin de fraîches liquidités tant et aussi longtemps qu’elle existera.

Les dépanneurs et épiceries, pour leur part, continuent d’être les défavorisés du système dépassé de la vente d’alcool au Québec.

Et tous les coups sont permis pour leur enlever le petit peu de marché qu’ils ont et le petit peu de profitabilité qui leur reste, surtout dans un contexte de ventes déclinantes.

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