EXCLUSIF : Le Québec a perdu près de 2000 permis d’épicerie en 20 ans et l’hémorragie continue
Depuis 20 ans, le nombre de permis d’épicerie en vigueur au Québec fond comme neige au soleil et ni la croissance économique de 45%, ni la hausse démographique de 15% et ni même l’augmentation marquée de la consommation d’alcool au cours de cette période ne semble pouvoir freiner cette tendance.
Indispensable à tout magasin d’alimentation qui souhaite vendre de l’alcool (bière, vin, cidre et autres), le permis d’épicerie est le meilleur baromètre qui soit de la santé économique de l’industrie. Les trois-quarts qui en possèdent sont les dépanneurs suivis des épiceries et supermarchés.
Or, c’est en compilant les données des rapports annuels de la Régie des alcools, courses et jeux (RACJ) des 20 dernières années que DepQuébec a réalisé pour la première fois l’ampleur de la dévastation qui a cours au sein de l’industrie et que rien ne saurait expliquer si ce n’est la dégradation généralisée de l’environnement d’affaires des dépanneurs au Québec (la RACJ est l’organisme responsable de délivrer ces permis et oeuvre sous l’égide du ministère de la Sécurité publique).
En effet, mis à part une seule année en 2004-2005, le Québec a systématiquement perdu à chaque année une portion significative de ses permis d’épicerie (donc : de ses détaillants alimentaires qui vendent de l’alcool) pour totaliser près de 2000 permis en 20 ans, soit 1846 exactement pour être plus précis ou encore, 19,8 % du total.
Durant la même période, le Québec a pourtant connu une croissance démographique notable qui a fait augmenter sa population de près de 15 % au total.
De fait, la baisse du nombre de permis prend une ampleur encore plus inégalée lorsqu’on tient compte de la population :
En 1997, on dénombrait 1 permis pour 563 habitants au Québec tandis qu’en 2017, c’est plutôt 1 permis pour 738 habitants, soit une chute de 31% du ratio “nombre habitants par détaillant”. – DepQuébec
L’économie n’est aucunement en cause puisque le Québec a cru de presque 45 % durant cette période.
Idem pour la consommation d’alcool : si les Québécois avaient cessé de boire, on pourrait suspecter un changement d’habitude de consommation : mais c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Les Québécois boivent davantage aujourd’hui qu’il y a 20 ans.
Pas besoin d’aller chercher loin la cause de cette situation navrante : c’est bel et bien la règlementation abusive, tâtillonne et trop lourde du gouvernement vis-à-vis l’industrie fragile des dépanneurs dont on voit l’effet néfaste ici.
Vaste et complexe, celle-ci comprend non seulement la surcharge fiscale mais également la mainmise de l’État sur les produits contrôlés (loteries, lait), les contrôles de prix sur la bière et le vin, la hausse effrénée du salaire minimum à raison de trois ou quatre fois l’inflation, la tolérance affichée envers la contrebande de tabac autochtone de même que la concurrence de sociétés d’État telle que la SAQ et Loto-Québec.
D’ailleurs, si on regarde l’évolution d’un autre type de permis, celui des bars, tavernes et clubs, on voit très clairement l’impact de la réglementation sur une industrie, en particulier lorsqu’elle change de manière spectaculaire.
Selon Michel Gadbois, président de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA), les données compilées par DepQuébec illustrent à la perfection une réalité limpide, soit celle de la sur-réglementation des dépanneurs qui mène à l’effritement du commerce de proximité, la perte d’emplois et celle d’un modèle d’affaires dynamique et générateur de prospérité.
“La baisse systématique du nombre de permis d’épicerie depuis 20 ans est une autre preuve que les dépanneurs étouffent sous la réglementation actuelle”, lance Michel Gadbois. “Que faudra-t-il de plus pour que le gouvernement entende raison et assouplisse l’environnement d’affaires des dépanneurs? Il se tire lui-même dans le pied en perdant des points de vente de loteries et des percepteurs de taxes hors-pair!”