Pour la première fois, la Régie accorde une hausse de prix exclusive aux détaillants
À seulement 2 cents le litre en moyenne, soit environ 1,2 %, les nouvelles hausses des prix du lait au détail décrétées pour 2018 n’ont rien de réjouissantes après une année de gel des prix, en 2017.
En revanche, les détaillants obtiennent en exclusivité, et pour la première fois, un troisième sou additionnel sous forme d’un écart plus grand entre prix minimum et prix maximum, soit une zone de prix exclusive réservée aux détaillants.
C’est donc une première historique pour ces derniers!
Ainsi, sur les 3 cents le litre au total accordées le 27 décembre dernier par la Régie des marchées agricoles et alimentaires (RMAAQ), les détaillants ont obtenu le tiers de la hausse à eux seuls, soit exactement ce qu’ils demandaient en principe, à savoir d’obtenir une hausse exclusive, qui ne puissent être rapatriée, récupérée ou — osons le mot — spoliée par les grandes laiteries, comme elles ont l’habitude de le faire depuis toujours, laissant aux détaillants que des miettes avec une tape dans le dos.
Une grande victoire signée Florent Gravel
En entrevue exclusive avec DepQuébec, le principal instigateur de cette réussite s’est dit fort heureux de la tournure des événements, voyant ainsi des années d’efforts et de pressions récompensées face à l’adversité soutenue du lobby des laiteries.
L’actuel PDG de l’Association des détaillants en alimentation (ADA), Florent Gravel, a souligné le précédent historique de la décision dévoilée par la Régie entre Noël et le Jour de l’an.
“Cette décision est une page d’histoire pour la défense des petits détaillants. Ceux qui n’ont pas les volumes nécessaires pour obtenir des prix du lait bien en deça des prix minimum sont désormais assurés de pouvoir aller chercher 1 cent de plus le litre. Ce n’est pas beaucoup bien sûr, mais c’est la première fois qu’une telle hausse leur est accordée de manière exclusive, sans que les laiteries ne puissent leur enlever comme d’habitude”. – Florent Gravel
Le dirigeant de l’ADA qui prendra sa retraite au printemps prochain a de plus exprimé sa déception face au manque d’appui et de consensus de certains représentants de l’industrie des détaillants, notamment quant au fait qu’un autre organisme s’est allié aux laiteries et n’a pas voulu appuyer sa demande d’augmenter l’écart entre prix minimum et prix maximum. En effet, dans l’article 26 du jugement de la régie, on retrouve la mention suivante :
CONSIDÉRANT que le CILQ, Agropur et le CCCD sont d’avis qu’il n’y a pas lieu de donner suite à la demande de l’ADAQ (d’augmenter la différence entre le prix minimum et le prix maximum ou d’obliger les transformateurs à vendre le lait aux détaillants à un prix inférieur au prix minimum) en l’absence d’une démonstration de la problématique appuyée sur une enquête rigoureuse et statistiquement représentative. – Article 26 de la décision de la RMAAQ sur le prix du lait, 27 décembre 2017
Que la Régie ait obtempéré à la demande de l’ADA au mépris d’une recommandation inverse du CCCD (Conseil canadien du commerce de détail) a en effet toutes les allures d’une véritable gifle à leur endroit administrée par nul autre que le tribunal administratif compétent en la matière. Ce sera certainement un bon sujet de réflexion futur pour le CCCD dont le nouveau dirigeant pour le Québec, Marc Fortin, entrera en fonction sous peu. Il s’agira d’une belle occasion de revoir leurs approches et stratégies en matière de défense des intérêts des détaillants et d’apprendre à la lumière des succès de l’ADA et des gains tangibles obtenus pour l’ensemble de l’industrie des détaillants.
Les nouveaux prix du lait seront en vigueur à partir du 1er février 2018.