Jacques Beaudry : un géant de l’industrie au grand coeur

Au cours de la Soirée de Gala annuelle de l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) tenue hier à Laval, les 250 représentants de l’industrie présents ont rendu un vibrant hommage à Jacques Beaudry, président de Beaudry-Cadrin.

Celui qui est unanimement considéré parmi les grands bâtisseurs qui ont façonné l’industrie québécoise ne pouvait malheureusement être présent à la soirée en raison de problèmes de santé.

Il est toutefois apparu dans une vidéo témoignage émouvante dans laquelle il a partagé sa philosophie d’affaires, le tout accompagné d’hommages bien sentis de sa famille et personnalités de l’industrie.

Une longue lignée d’épiciers

Jacques Beaudry vient d’une longue lignée d’épiciers, étant la troisième génération de Beaudry à oeuvrer dans le domaine de l’alimentation.

Son grand-père, Arthur, a d’abord ouvert une épicerie à Montréal-Est en 1917 tandis que son père, Jean-Paul, en a ouvert une autre 30 ans plus tard, à Pointe-aux-Trembles en 1948.

En 1961, Jean-Paul se lance dans la vente en gros, faisant construire la même année un centre de distribution dans le parc industriel de Ville d’Anjou qui sera actif jusqu’en 2005.

Puis, ce dernier marque à tout jamais l’industrie des dépanneurs lors de son passage en politique en tant que ministre de l’Union Nationale, à la fin des années 1960. Pour mettre de l’ordre dans l’industrie du détail, il adopte la loi 24 qui accorde aux « marchands artisans », soit les propriétaires d’épicerie avec deux employés maximum, le privilège de pouvoir ouvrir les soirs de semaine et les fins de semaine. Ainsi furent nés les premiers dépanneurs tels qu’on les connaît (voir à ce sujet Le 1er dépanneur). Il a aussi créé en 1977 les dépanneurs Beau-Soir.

Héritant de l’entreprise de son père avec son frère Robert, Jacques se retrouve bien malgré lui seul aux commandes alors que ce dernier décède à seulement 54 ans, victime d’une crise cardiaque.

Jean-Paul Beaudry (ici avec ses fils Jacques et Robert). Après le décès soudain et à un jeune âge de Robert, Jacques Beaudry a eu sur ses épaules l’immense tâche de faire grandir l’entreprise et de préparer la relève, défi qu’il a brillamment relevé malgré les difficultés. (Crédit : Beaudry & Cadrin)

Face à l’adversité, il tient le fort en gardant toujours en tête le bien-être des employés, partenaires et clients, qu’il appelle affectueusement sa communauté de « familles ».

En 2004, nouveau coup dur alors qu’il doit composer, dans une courte période de 30 mois, avec un cancer et la perte d’importants clients qui représentent 55 % de son volume d’affaires.

Or, c’est lors de tels moments critiques que Jacques Beaudry s’est véritablement révélé comme un homme de coeur, sachant à la fois relancer l’entreprise avec énergie et optimisme tout en impliquant la quatrième génération des Beaudry, soit François (son neveu et fils de son frère Robert) et Jean-Philippe, son garçon.

Les qualités humaines et la générosité de Jacques Beaudry ont alors pesé lourd dans la balance puisque durant les moments difficiles, il a pu compter sur l’appui et la fidélité de la plupart de ses partenaires.

Un dépanneur Beau-Soir a d’ailleurs témoigné en ce sens en indiquant que « Jacques Beaudry lui avait beaucoup appris alors qu’il ne connaissait pas grand chose » et qu’il en était si reconnaissant que « jamais il n’irait ailleurs, quoi qu’il arrive ».

Beaudry-Cadrin connaît depuis un élan sans précédent, en particulier depuis les quatre dernières années au cours desquelles l’entreprise a fait de multiples fusions et acquisitions, dont celle avec Cadrin en 2013.

Jacques Beaudry est par ailleurs l’un des co-fondateurs de l’AQDA en 2008, croyant dur comme fer à l’importance pour l’industrie de se réunir et de créer un sentiment de famille.

Une soirée riche en émotions

Dans son message de remerciements qu’il a fait lire par l’entremise de Pascal Laporte, président du Conseil de l’AQDA, il s’est dit profondément touché par l’hommage reçu, fier de ce que l’industrie est devenue et a tenu à remercier sa conjointe Suzie, ses « garçons » (François et Jean-Philippe) ainsi que Michel Gadbois, président de l’AQDA.

Quant à Alain Bouchard, président du Conseil de Couche-Tard, il a le mieux résumé le rôle et la place du récipiendaire  : « Alors que les grands distributeurs nous regardaient de haut, nous les petites surfaces, Jacques Beaudry s’est toujours battu pour faire une juste place aux dépanneurs. Et comme moi, je le sais, il n’arrêtera pas. Il va toujours continuer » (cela dit la journée même où on apprenait que Couche-Tard est devenue la plus grande entreprise de l’histoire canadienne en termes de revenus).

Jacques Beaudry est et a été un grand bâtisseur certes, un géant de l’industrie, bien sûr, mais avant tout, comme tous ont pu s’en apercevoir hier, c’est un être d’un grand humanisme, profondément attachant et près des gens.

Un vrai dépanneur, finalement!

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