Le premier à s’appeler “dépanneur” est aujourd’hui un “marché”

Le premier commerce au monde à s’être appelé “dépanneur” il y a près de 50 ans est aujourd’hui un Marché 7 Jours (qui n’est pas affilié à la chaîne 7 jours de Couche-Tard). Toutefois, même s’il ne porte plus le nom dépanneur sur l’enseigne, il est toujours considéré comme un dépanneur et continue fièrement la tradition d’offrir des produits et services de première nécessité à des heures d’ouvertures élargies.

Selon Judith Lussier, auteure du livre Sacré dépanneur! publié aux éditions Héliotrope, les dépanneurs sont nés un peu par hasard, en 1970, de l’imagination d’un petit épicier et d’une modification survenue dans la loi un peu plus tôt.

Jean-Paul Beaudry (ici avec ses fils Jacques et Robert) a fait adopter la loi 24 qui a donné naissance aux dépanneurs. Il a lui même lancé sa propre chaîne en 1977, les dépanneurs Beau-Soir. (Crédit : Beaudry & Cadrin)

Jean-Paul Beaudry, le fils d’Arthur Beaudry, fondateur de ce qu’est devenu Beaudry & Cadrin aujourd’hui, a été ministre de l’Union Nationale à la fin des années 1960. Pour mettre de l’ordre dans l’industrie du détail, il adopte la loi 24 qui accorde aux “marchands artisans”, soit les propriétaires d’épicerie avec deux employés maximum, le privilège de pouvoir ouvrir les soirs de semaine et les fins de semaine.

Paul-Émile Maheu est alors propriétaire d’une petite épicerie à Montréal, au coin de la rue Saint-Zotique et de la 1ère avenue. Il décide de faire le saut et d’utiliser les prérogatives de la loi en ouvrant son commerce également le soir et les fins de semaines. Pour pallier le manque d’employés, il scie les tablettes du magasin afin de voir jusqu’au fond. Et enfin, il trouve un nouveau mot pour décrire son magasin : Le dépanneur Saint-Zotique.

Les premiers mois, il se fait régulièrement arrêter pour avoir vendu de la bière après 17h… à chaque fois, il est libéré, lorsque les policiers réalisent que la loi a changé.

La première année, c’est un succès fou. Les gens se déplaçaient de loin car le dépanneur Saint-Zotique était le seul à vendre de l’alcool après les heures normales. M. Maheu lance même une petite chaîne de dépanneurs, les dépanneurs “pop”.

Paul-Émile Maheu a tenté de lancer une chaîne de dépanneur mais ce sera un autre visionnaire qui y parviendra en commençant 10 ans plus tard. (Crédit : Judith Lussier, Sacré dépanneur!)

Puis, de plus en plus d’épiceries l’imitent et le terme dépanneur fait peu à peu tache d’huile pour désigner le petit commerce de commodité.

Mais faute de relève dans les années 1980, il finit par vendre son magasin à des acheteurs coréens.

Quelques années plus tard, le 19 mars 1983, le terme dépanneur sera officiellement consigné dans la Gazette officielle et en 2015, il fera son entrée officielle comme mot de la langue anglaise, gracieuseté du prestigieux Oxford Dictionnary.

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