La Ressource: Pionnier en microbrasserie

Avec plus de 170 microbrasseries présentement au Québec, l’engouement pour la bière artisanale ne cesse de croître et plusieurs dépanneurs ont décidé ou songent à développer ce créneau. Ce faisant, ils emboîteront sans le savoir le pas du Dépanneur La Ressource situé sur la rue Samuel-de-Champlain à Boucherville qui, il y a 20 ans, bien avant tout le monde, a décidé de se lancer tête baissée dans l’offre de bières artisanales. Sa sélection actuelle est impressionnante : plus de 700 marques de bières! Par ailleurs, La Ressource est l’un des rares dépanneurs au Québec à être resté à propriété familiale depuis 42 ans. Avec la troisième génération maintenant à bord, le dépanneur se tourne résolument vers l’avenir en misant sur l’application UNTAPPD.

La petite histoire du Dépanneur La Ressource

En 1987, à l’aube de la vingtaine, Jean Desroches se voyait courtier en valeurs mobilières, mais sur les conseils d’un ami, il laisse tomber cette orientation. Au même moment, son père, André, songeait à vendre son dépanneur à Alain Bouchard de Couche-Tard.  Ayant toujours travaillé au dépanneur depuis son jeune âge, Jean décide d’acheter le dépanneur afin d’être son propre patron et d’avoir un salaire décent. En effet, à l’époque, raconte-t-il, posséder un dépanneur pouvait apporter un revenu équivalent à un salaire de médecin! C’était donc une affaire intéressante et remplie de défis pour le jeune homme.

Le secret est dans la bière…

Au début des années 2000, Jean et Sylvie Martel, sa conjointe, souhaitaient se distinguer davantage de leurs concurrents. C’est en s’inspirant des commerces spécialisés tels la boulangerie, le traiteur et autres qu’ils ont vu une opportunité à se doter d’une spécialité distinctive. Voyant aussi arriver l’apparition de microbrasseries au Québec telles Le lion d’Or à Lennoxville, Le Bilboquet à Ste-Hyacinthe, les Brasseurs du Nord et McAuslan, Jean et Sylvie ont commencé, petit à petit, à offrir ces bières québécoises à la clientèle. C’est ainsi que la spécialisation envers les bières artisanales s’est développée d’année en année. Sylvie a même laissé son emploi de microbiologiste pour se consacrer au commerce à temps plein et contribuer à développer ce créneau qu’elle adore. Leur passion a grandi et les a amenés aujourd’hui à travailler avec 75 microbrasseries québécoises pour offrir les 700 différentes bières de leur sélection.

 

Le dépanneur est rempli à craquer de bières artisanales, de quoi donner le vertige aux amateurs invétérés!

La relève est au poste

Bien que Frédéric n’ait que 27 ans, il est déjà actionnaire du dépanneur au même titre que ses parents.

Il y a deux ans, il décide de faire le grand saut et d’incarner la troisième génération de la famille à la tête du dépanneur. Alors âgé de 25 ans et après avoir travaillé dans le milieu de l’aviation, son domaine d’études, il sent l’appel de la vocation. Tout comme son père, il a commencé adolescent à donner un coup de main au commerce.  Et considérant que le dépanneur arrive à un point tournant, il souhaite injecter ses idées et sa vision dans l’avenir du dépanneur familial.

Il réalise pleinement que la gestion d’un dépanneur engendre plusieurs défis :

  • Innover, investir et développer constamment;
  • Répondre aux besoins des clients en leur offrant un service-conseil de qualité supérieure;
  • S’approprier les nouvelles technologies de communication et utiliser le web 2.0 comme outil promotionnel afin de rejoindre sa clientèle;
  • Bien gérer les paiements électroniques et prévenir la fraude : qu’il s’agisse d’Interac et des cartes de crédit.

Aller toujours plus loin

Pour Frédéric, le défi consiste avant tout à poursuivre l’orientation que s’est donnée le dépanneur, soit d’être une référence et une destination dans la vente des bières artisanales. Pour y arriver, il est tout naturel d’user, entre autres, de stratégies qui font partie des nouvelles technologies de communication tels les médias sociaux ainsi qu’une nouvelle application nommée UNTAPPD dans laquelle il croit beaucoup.

Cette application permet aux consommateurs à la recherche de bières rares de trouver les commerces qui vendent les produits convoités dans leur zone géographique. Elle rejoint actuellement 4000 utilisateurs dans la région de Montréal et environ 6,3 millions dans le monde. Le dépanneur La Ressource a été le premier commerce certifié dans la grande région de Montréal à faire partie de l’application. Et, fait intéressant, en juin dernier, les ventes de bières de microbrasserie du dépanneur La Ressource ont atteint 60 % de l’ensemble des ventes de bière du commerce pour la première fois, alors qu’elles étaient de l’ordre de 40 % il y peu de temps (les ventes de bière compte pour 30 % du volume total du commerce). Soulignons aussi que les Desroches ont réinvesti récemment dans leur commerce afin de moderniser les réfrigérateurs à bière.

L’application UNTAPPD ferait de plus en plus d’adeptes au Québec et ne serait pas étrangère à la hausse récente du volume des ventes de bières au dépanneur La Ressource.

La dimension conseil prend de l’importance 

La stratégie de spécialisation envers les produits brassicoles amène son lot d’exigences telle une assurance qualité du service à la clientèle qui requiert une formation continue des jeunes employés à temps partiel. Et plus encore, le fait d’offrir aux clients des centaines de bières différentes devient une exigence pour l’embauche des caissiers : être majeur, aimer la bière pour les goûter et s’y intéresser dans le but d’être un bon conseiller pour les clients. Frédéric mentionne également que le sourire, le sens de l’initiative et l’efficacité sont essentiels afin d’offrir un service à la clientèle hors pair.

Demeurer proactif et rentable demeure un défi quotidien pour le commerce lui-même. De ce fait, Frédéric apporte une gestion moderne du dépanneur de par ses façons de bonifier l’administration, la mise en marché via les réseaux sociaux, la participation à des événements publics, les dégustations et les connaissances approfondies des bières grâce à des outils spécialisés. Car il faut considérer un ajout de quatre à cinq nouvelles bières aux deux semaines environ.  Il est de plus primordial, mentionne Sylvie, de tisser de bons liens d’affaire avec nos fournisseurs, les microbrasseries. Nous allons les visiter, les rencontrer et effectuons des communications régulières avec eux afin de bien les connaître, collaborer et approfondir nos connaissances des méthodes brassicoles.

Avec la troisième génération bien engagée dans la gestion du commerce et un créneau gagnant, l’avenir du dépanneur La Ressource est des plus prometteurs!

Profession dépanneur : des aspects plus exigeants

Frédéric, Sylvie et Jean soulignent que la profession comporte de nombreux défis : la gestion des bouteilles vides et des consignes, par exemple, constitue un tracas important pour eux et pour les employés. Étant propriétaires du bâtiment qui loge leur dépanneur, la famille Desroches possède un espace d’entreposage assez grand pour y placer les bouteilles vides. Par contre, cette gestion de bouteilles amène des inconvénients : prix différent de consigne selon les formats des bouteilles, salubrité du lieu, gestion des méthodes de classement, etc.

De plus, malgré le fait que c’est une réalité depuis plusieurs années, les heures étendues d’ouverture du dépanneur constituent un lourd fardeau, soit 7 jours sur 7, de 7 h à 23 h.

Chose certaine, en 42 ans, le dépanneur La Ressource a traversé toute la gamme des émotions. Comme beaucoup de propriétaires de ce type de commerce, ils ont reçu la visite de voleurs et à ce chapitre, Jean en a une bonne à raconter : « Un homme fait irruption dans le dépanneur : il est armé et demande à prendre la caisse. Je reste calme et lui dit de me laisser au moins les billets de 5 $, car ils sont plus difficiles à obtenir. Le voleur me regarde, prend juste la petite monnaie et s’en va. Je n’en reviens toujours pas! », conclut-il en riant.

Jean demeure tout de même passionné : « On peut sortir le gars du dépanneur, mais pas sortir le dépanneur du gars ! », lance-t-il.  Autant Jean, Sylvie que Frédéric respirent le dynamisme et la passion envers leur commerce et la bière artisanale. C’est avec le plus grand intérêt qu’ils en parlent et qu’ils connaissent, presque par cœur, les centaines de bières qu’ils conseillent à leurs clients toujours curieux de découvrir de nouvelles bières québécoises. Jean ne regrette pas d’avoir choisi sa profession de dépanneur. Être son propre boss, le contact avec le public et le créneau des bières québécoises constituent ses motivations quotidiennes.

 

Sur la photo : Frédéric Desroches avec ses parents, Sylvie Martel et Jean Desroches : les 2e et 3e générations de propriétaires du dépanneur (crédit photo : Guylène Villeneuve)

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