François Dénommé : 26 ans, cool, dépanneur

Crédit texte et photos : Laurence Dompierre-Major, Radio-Canada

Il est difficile d’imaginer que François Dénommé, 26 ans, ait nouvellement repris les rênes d’un dépanneur. Situé sur la rue résidentielle de Chambly, en plein cœur du quartier Hochelaga-Maisonneuve, le dépanneur Chez François fait maintenant partie du quotidien des Hochelagais.

Pendant longtemps, le magasin général, épicentre des villages québécois, jouait le rôle de noyau social. Rappelons-nous ce grand classique du cinéma québécois, Mon oncle Antoine de Claude Jutra, où le magasin général de Blake Lake, maintenant Thetford Mines, est le lieu le plus fréquenté du village. Endroit par excellence de rencontres, de confidences et de potinages, le magasin général a laissé sa place petit à petit aux dépanneurs.

« Je trouvais ça intéressant l’idée d’un dépanneur et je voulais y offrir des bières de microbrasserie parce que je les adore. J’aimais bien aussi l’idée d’un petit commerce de proximité. »

François reconnaît qu’il s’agissait d’un défi de taille, mais il était prêt à le relever. Quand le père de François a appris cette nouvelle, lui qui avait été propriétaire d’un dépanneur à l’âge de 22 ans, il a tenté de dissuader son fils jusqu’à la dernière minute. « Il a presque pleuré! Mais aujourd’hui, il est fier de moi. »

Ce dépanneur, qui ne payait pas de mine, a dû être complètement revitalisé. Nouvelle façade, peinture fraîche, boîtes à fleurs à l’avant, décorations sur les murs, le jeune propriétaire a tout accompli pour redonner vie à ce coin de quartier qui en avait bien besoin. Pendant près d’un mois, les voisins sont venus tous les jours le remercier d’avoir embelli leur environnement. « Les gens me disent que c’est agréable de passer dans le coin maintenant. »

Dépanneur avant
Dépanneur après

Propriétaire et unique employé, François travaille 12 heures par jour, 7 jours sur 7. Ses clients, il les connaît bien, même après six mois.

« Ici, c’est consultation gratuite. Les clients jasent avec moi ». Au début, plusieurs passants étaient surpris de constater qu’il leur disait bonjour et leur demandait comment ils allaient. « Il me répondaient : “c’est la première fois qu’on me demande ça dans un dépanneur!” »

Ce rôle de confident, François aime le jouer. Et il le fait avec courtoisie. Souvent, au plaisir de tous, il fait des dégustations de bières de microbrasserie et aide ses clients à faire des découvertes. « Être proche des gens fait partie de ma définition du commerce de proximité. »

Aujourd’hui, comment parler du Québec sans aborder le sujet de ses dépanneurs? Non seulement ils sont nombreux, mais encore, ils sont ancrés dans la culture montréalaise. Malgré leur caractère presque sacré, les dépanneurs n’ont pas la vie facile. Pourquoi diantre vouloir alors se lancer dans un projet aussi fou? « Pourquoi pas? », répond du tac au tac François.

Ici, la Labatt côtoie l’Oshlag dans le frigo à bières. Pour François, c’était important de garder la vente de bières commerciales, même s’il offrait une nouvelle gamme de produits.

« Je ne voulais pas venir ici en sauvage. On ne peut pas arriver du jour au lendemain et dire aux clients “tu ne pourras plus venir chercher ta Bud maintenant”. »

Les habitants d’Hochelaga-Maisonneuve s’approvisionnent encore beaucoup dans les dépanneurs, rappelle le commerçant. C’est une réalité dont il est conscient. « Il faut prendre le pouls des gens autour. C’est ça qui va faire que le dépanneur va survivre. »

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