Les dépanneurs écoulent le quart du volume de vin pour le sixième des revenus

Le monopole étatique de la vente de vins et alcools au Québec est de plus en plus ouvertement critiqué et remis en question.

Recommandations du vérificateur général, commission Robillard, études indépendante comme Monopole Inc. et autres, tous concourent à inciter le gouvernement à revoir un modèle qui n’a plus sa raison d’être, ce que plusieurs autres provinces comme l’Alberta ont déjà fait.

Pourquoi l’État devrait-il prendre en charge la vente d’alcool? N’a-t-il pas les mains assez pleines à (mal) s’occuper des écoles, hôpitaux, infrastructures routières, justice, services sociaux et autres?

Et tant qu’à vendre de l’alcool, pourquoi pas l’épicerie? Les vêtements? Les articles de sports? La pharmacie? La liste n’en finit plus.

L’existence même de la SAQ n’a plus aucune cohérence ni pertinence : elle n’est qu’un anachronisme.

Elle est encore là simplement parce que la démanteler représenterait un paquet de troubles, d’où l’inertie des gouvernements successifs qui ont d’autres chats à fouetter.

Les problèmes viendraient principalement des parties prenantes qu’un tel démantèlement affecterait, voire ruinerait :

  • le personnel cadre et les dirigeants de la SAQ;
  • le personnel syndiqué aux conditions de travail beaucoup plus avantageuses que les standards de l’industrie;
  • les agences de vins qui font de bonnes affaires avec la SAQ;
  • les partenaires de la SAQ comme Éduc’alcool;
  • les fournisseurs de la SAQ (services, immobilier, etc.).

Les dépanneurs, pour leur part, ont quand même une petite portion du marché, mais qu’on pourrait qualifier d’ingrate.

En effet, mis à part quelques produits, ils ne peuvent vendre que des produits embouteillés ici et dont l’appellation est spécifiquement inventée pour leur réseau.

Les recettes découlant des ventes de vin en dépanneur et épicerie ont cru de 4,7 % depuis cinq ans tandis que les ventes de vin dans le reste du réseau (succursales SAQ, restaurants, agences et autres) ont augmenté pour leur part de 8,7 %, soit presque le double (source : SAQ)

Autrement dit, “le vin de dépanneur”, tel qu’on l’appelle, est ce vin à bas prix et sans âme, créé artificiellement pour ne pas concurrencer la SAQ qui, elle, vend de vraies appellations, de vrais terroirs, de vraies étiquettes et ce, à tous les prix qu’elle veut.

Or, ce vin de bas étage qu’on consent à faire distribuer par les dépanneurs requiert beaucoup plus de frais de manutention pour beaucoup moins de profits.

Selon le dernier rapport trimestriel de la SAQ, le réseau des dépanneurs et épiceries a ainsi vendu pour 83 M $ de vins contre 490 M $ par les succursales de la SAQ, soit 15,5 % des recettes et ce, de mars à juin 2017.

Mais en terme de volume, ces mêmes dépanneurs ont vendu 10 M de litres sur 40 M, soit le quart du volume de tout le vin vendu aux consommateurs!

Autrement dit, les dépanneurs charrient le quart du volume pour le sixième des revenus! Et ce, pour des marges beaucoup moins intéressantes de l’ordre de 16,5 % versus la SAQ avec ses 135 % de marges et plus.

Décidément, il est temps que ça change et qu’on libéralise enfin la vente de vins au Québec. Un excellent enjeu pour la prochaine élection!

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