La vente de bière dans les dépanneurs ontariens pourrait débuter dès l’an prochain selon un expert

Cela fait longtemps que les dépanneurs québécois à proximité de la rivière Outaouais profitent de la manne. Tellement en fait qu’il est difficile d’entrevoir l’avenir autrement.

Mais tout change, même en Ontario. Les bars ferment maintenant à deux heures du matin et leurs dépanneurs ont le droit, contrairement à nous, de publiciser les produits de vapotage en magasin.

Le Québec olé-olé versus la prude Ontario, oubliez cela! C’est de l’histoire ancienne.

La prochaine grande vague à survenir risque toutefois de miner les affaires de nombreux dépanneurs et grandes surfaces qui font leur pain et leur beurre avec la réglementation plus stricte sur la bière en Ontario.

Parce que disponible seulement dans les “Beer Stores” depuis des lustres, la bière est significativement plus chère chez notre voisin qu’ici (8,3% de plus selon le Conseil canadien du détail), avec pour résultat un achalandage élevé d’Ontariens dans nos dépanneurs proches de ce marché.

Mais dès l’an prochain, cette manne pourrait se tarir pour de bon alors que le gouvernement ontarien met la table pour la vente universelle de bière en dépanneurs et épiceries.

Une bonne nouvelle certes pour les Ontariens mais qui signifie hélas la fin prochaine de l’avantage québécois dont jouit de nombreux commerces chez nous et ce, depuis des années!

dépanneur rapido & thompson
Le dépanneur Thompson situé dans le petit village de Partage-du-Fort au nord d’Ottawa ainsi que le dépanneur Rapido à Gatineau sont tous deux localisés aux abords de la rivière Outaouais, du côté québécois de la rive. Depuis des années, ils jouissent d’un volume d’affaires exceptionnel sur la bière en raison des prix plus élevés en Ontario. Cela a même permis au dépanneur Rapido de se hisser au rang de “GÉANT de la bière”.
Le gouvernement de Doug Ford à l’oeuvre

Son élection date d’un an à peine mais déjà, on peut constater à quel point le dossier de la bière figure au rang de ses priorités.

Avec lui comme premier ministre, la volonté politique n’a jamais été aussi forte pour libéraliser le marché de la bière. De redonner aux consommateurs l’accès à une bière abordable cadre tout à fait dans le créneau populiste de son parti. Une réalisation concrète dans le quotidien des Ontariens dont il aimerait beaucoup s’affubler à l’occasion du prochain rendez-vous électoral, en 2022.

Ainsi, deux mois après sa prise de pouvoir, en août 2018, il annonçait la réduction du prix minimum d’une canette de bière de 1,25$ à 1,00$, soit le fameux “buck-a-beer” (la bière à un dollar), une promesse électorale marquante. Mais parce qu’une telle réduction ne garantissait pas les baisses de prix, il a défié les grands brasseurs de signer un engagement à offrir des bières à un dollar, ce que quelques-uns ont fait.

Cela sans compter un train de plus petites mesures telles que:

  • Élargissement des heures de vente d’alcool de 9 h à 23 h, sept jours sur sept;
  • Possibilité offerte aux amateurs de sports de consommer de l’alcool lors de fêtes d’avant-partie à des événements sportifs admissibles;
  • Assouplissement des règles publicitaires pour permettre la tenue des « cinq à sept », etc.
doug ford beer
Le gouvernement conservateur de Doug Ford est déterminé à offrir aux dépanneurs ontariens la possibilité de vendre de la bière comme au Québec et ce, au cours du présent mandat.

À la date d’anniversaire de son arrivée au pouvoir, le 6 juin 2019 (pour vous montrer l’importance du dossier à ses yeux), le gouvernement Ford annonçait l’extension d’une mesure prise par le gouvernement libéral précédent en autorisant la vente de bière et de vin dans 87 épiceries de plus (qui seront tirées au sort) pour un total de 450 habilitées désormais à en vendre.  De plus, il a demandé à la LCBO (la SAQ ontarienne) d’ajouter 200 agences de plus dans des dépanneurs localisés en zones rurales éloignées comme les Agences SAQ au Québec.

Mais le clou des annnonces est survenue en mai dernier alors que le gouvernement Ford a dévoilé son intention de déchirer le contrat valide jusqu’en 2025 entre le gouvernement et les brasseurs propriétaires du réseau de magasins Beer Stores afin de mettre la table pour la vente universelle de bière dans les épiceries et dépanneurs.

Cela démontre son intention bien arrêtée d’aller au bout de cette réforme pour libérer les consommateurs du joug infect du réseau monopolistique des Beer Stores qui ont abusé des consommateurs Ontariens pendant des décennies avec non seulement des prix plus élevés mais une expérience client médiocre et décevante à tous points de vue.

Optimisme chez les dépanneurs ontariens

Celui qui se bat depuis sept ans pour libéraliser ce marché de près de 4 milliards de dollars en Ontario voit enfin la lumière au bout du tunnel.

Dave Bryans, président de l’Ontario Convenience Stores Association (OCSA), n’en démord pas: il est confiant de voir la mesure aboutir dès l’an prochain même si beaucoup de pain demeure sur la planche.

dave bryans ocsa“Nous anticipons la vente de bière et vin en dépanneur quelque part début 2020. C’est un changement très attendu pour le réseau. Les ventes de tabac diminuent plus rapidement que prévu et les propriétaires indépendants tirent toujours de 60% à 70% de leurs revenus de cette catégorie. La loterie, bien que grande source d’achalandage, est rendue à maturité et il n’y a pas grand potentiel de ce côté compte-tenu des faibles marges.” – Dave Bryans, OCSA

Bryans se réjouit à la perspective qu’on mette fin à la mainmise injuste des brasseurs sur la vente de détail qui date de 1927.  Depuis sept ans, son association se bat becs et ongles et campagne après campagne pour libéraliser la vente avec pour tout résultat, une écoute limitée de la part du gouvernement précédent. Avec Doug Ford, toutefois, la donne vient de changer complètement et tout est maintenant possible.

Chose certaine, un vent de changement souffle à l’ouest de l’Outaouais et les dépanneurs qui présentement jouissent des ventes de bières ontariennes ont intérêt à s’y préparer.

Il reste à souhaiter que la philosophie de libéralisation qui balaie l’Ontario contamine le Québec, en particulier en ce qui a trait à la réglementation concernant le vapotage et le cannabis.

Car bientôt c’est en Ontario qu’on fera olé-olé et non plus au Québec!

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