EXCLUSIF — Depuis 10 ans, le Québec perd plus de 100 commerces d’alimentation par année
Il n’y a plus de doute: les conditions d’affaires des dépanneurs, tabagies, épiceries et supermarchés du Québec continuent de se détériorer à un rythme soutenu.
La preuve est évidente, frappante même. En dépit de la hausse constante de population et de la relative bonne tenue de l’économie, le nombre de commerce d’alimentation ne cesse de diminuer d’année en année, sans aucune exception.
Depuis 10 ans, c’est 1085 commerces qui ont disparu. Une baisse qui se confirme chaque année, sans interruption.
On perd des dépanneurs, on perd des tabagies, on perd des épiceries mais les pharmacies, quant à elles, connaissent une belle augmentation.
Sommes-nous devenue une société qui mange moins mais consomme plus de médicaments? Ou est-ce relié à une multiplication de permis, de taxes, de frais, d’impôts, de prix minimums, d’interdiction et de réglements tous azimuts qui viennent littéralement étouffer le petit dépanneur et la petite épicerie?
Nous vous laissons deviner mais entretemps, voyons les chiffres!
Des signaux concordants
Un dépanneur, ce n’est pas compliqué. Ça vend de la loterie, de l’alcool et du tabac (et pour la moitié d’entre eux, de l’essence aussi).
Il suffit donc d’examiner les chiffres de Loto-Québec et de la RACJ pour prendre le pouls du réseau. Et dans les deux cas, ils disent exactement la même chose : le nombre de commerces baisse d’année en année.
Pour ce qui est de la loterie, la très vaste majorité des tabagies et commerces d’alimentation en vendent. C’est un produit intéressant, positif, qui rapporte des liquidités et du traffic.
Les seuls peut-être qui font exception sont les biéristes et les mini stations-service (communément appelées « gas bars »).
Or, voyez les chiffres suivants obtenus en exclusivité par DepQuébec suite à une demande d’accès à l’information.
Le bilan total de cette hécatombe est éclairant et devrait servir d’avertissement aux gouvernements afin qu’ils cessent d’alourdir le fardeau de la réglementation sur les épaules des dépanneurs.
Pour l’alcool, c’est pareil
On constate donc qu’il y a de moins en moins de détaillants de loterie, mais qu’en est-il pour l’alcool?
Le portrait obtenu de la RACJ est fort similaire et vient confirmer la même tendance, soit celle d’une détérioration constante du réseau de détail alimentaire.
Cette perte de diversité accablante se traduit par moins de service de proximité — notamment la fermeture d’épicerie dans des communautés éloignées — ainsi que moins d’emploi et moins de sources de revenus de taxes pour les gouvernements.
Peu de bonnes nouvelles à court terme
Pendant qu’on assiste à la détérioration continue du réseau, le gouvernement ne fait absolument rien pour aider ce dernier à se relever.
Au contraire, il continue de rendre la vente de tabac plus coûteuse, risquée légalement et complexe tout en empêchant les dépanneurs de se diversifier dans le cannabis ou encore, de promouvoir leur offre de vapotage.
Il a retiré carrément les boissons sucrées alcoolisées des tablettes alors qu’il aurait pu remanier les réglements pour rendre la vente plus sécuritaire.
Ses propositions sur la consigne n’annoncent rien de positif pour le réseau, ni en terme de revenus, ni en terme d’achalandage.
Et quant à ses promesses d’allégement réglementaire, il n’y a absolument rien encore qui est ressorti de ce pelletage de nuage.
Certes, aux yeux du gouvernement caquiste, la venue de sièges sociaux est sûrement plus sexy que la survie des dépanneurs. Mais on parle quand même ici de l’approvisionnement alimentaire de la population, soit l’épine dorsale de l’économie, ainsi que de milliers d’emploi, des services de proximité et de la capacité de collecter des milliards en taxes.
Pas mal pour une « nuisance de santé publique », vous ne trouvez pas?