Couche-Tard avale 109 des 200 « Dépanneur du Coin Ultramar » et gonfle son réseau à 683 magasins
Au mois d’août dernier (voir article ici), nous rapportions que Couche-Tard commençait à prendre possession de magasins « Dépanneur du Coin » dans la foulée de son acquisition de CST Brands, la plus grosse de son histoire, soit un réseau d’environ 2 000 dépanneurs et stations service situés au Canada et aux États-Unis.
Et tandis que Couche-Tard mettait la main sur tous les actifs américains de CST, elle revendait au prix de 985 millions $ CA une grosse partie des actifs canadiens à Pétroles Parkland afin d’éviter une surconcentration du marché de manière à obtenir l’aval des autorités réglementaires canadiennes, ce qui fut confirmé en juin 2017 autant aux États-Unis qu’au Canada.
Au Canada, Couche-Tard annonçait toutefois conserver 157 sites au Québec, dans le Canada atlantique et en Ontario. Lesquels? « Mystère et boule de gomme, mais nous le verrons au fur et à mesure qu’ils seront convertis », avions-nous écrits il y a trois mois.
Or, nous venons tout juste de terminer le recensement des magasins acquis et à force de recherche, de déterminer que sur les 200 magasins Dépanneur du Coin au Québec, 109 sont devenus des Couche-Tard tandis que le reste, soit 91, demeurent tels quels sous la propriété de Parkland.
« Dépanneur du Coin » est une très belle bannière de dépanneurs avec essence Ultramar, dont les locations sont habituellement bien choisies, les équipements modernes et bien entretenus, plusieurs comprenant même des commodités intéressantes comme des comptoirs de produits prêt-à-manger et cuisinés sur place. La bannière est présente au Québec mais aussi dans d’autres provinces de l’est du Canada, sous le nom « Corner Store ».
Parkland, pour sa part, obtient la balance, soit 91 des 200 magasins « Dépanneur du Coin ». La société albertaine acquiert en outre les contrats d’approvisionnement et de bannière des 100 stations service Dépan Express Ultramar situées au Québec.
Partage des actifs : sur quelle base et selon quels critères?
On imagine la scène : « Bon, toi, tu prends lui, lui et lui, nous on prend lui, lui et lui, mais pas lui. On veut lui aussi, mais pas l’autre ».
Peut-être bien, mais probablement pas. Sûrement qu’en réalité, ça ne s’est pas passé ainsi. La question qu’on se pose est : comment Couche-Tard et Parkland ont-ils fait pour se départager les 200 magasins « Dépanneur du Coin »? Intéressant!
D’abord, voyant la répartition des magasins, il serait logique que Couche-Tard jette son dévolu sur des magasins qui ne sont pas compétition direct avec les siens existants, donc : pas situés directement en face.
Certains étant aussi mieux situés que d’autres sur le plan du volume, de l’achalandage et autres, il y a sûrement eu des arbitrages à faire sur ce plan.
Aussi, on peut penser que les enjeux de concurrence, à savoir éviter une trop forte concentration, ont dû jouer également dans le choix des magasins.
C’est ce que suggère, à tout le moins, une premier survol du partage entre les deux sociétés.
Impact de la transaction à Laval
Si on prend une région en particulier, comme Laval par exemple, on réalise que Couche-Tard y a accru son réseau de 26 %, ses magasins passant de 34 à 43.
Toutefois, à y regarder de plus près, la proximité des dépanneurs ciblés est trompeuse. Dans deux endroits, une autoroute les séparent. Dans deux autres, ils sont collés mais on parle d’un dépanneur traditionnel vs un dépanneur avec essence.
Première conclusion : la complémentarité de l’offre d’essence de la bannière « Dépanneur du Coin » est venue peser dans la balance afin d’opter ou non pour un site, peu importe la proximité de ce dernier avec un magasin traditionnel existant.
Lanaudière : Couche-Tard passe de 28 à 37 magasins
La région de Lanaudière est celle où Couche-Tard s’est accaparé la plus forte proportion de magasins Dépanneur du Coin, soit les deux tiers.
Demain, nous poursuivons l’examen de cette transaction fascinante en se penchant sur les autres régions du Québec, dont Montréal et la Capitale Nationale.