Cannabis : La CAQ adopte une position “craque pot”

Dans le dossier de la légalisation du cannabis, on s’attendait à ce que des partis de gauche comme Québec Solidaire et le Parti québécois recommandent de confier la distribution et la vente légale du cannabis à un monopole d’État.

Ces partis ont en effet une méfiance innée envers le secteur privé et un préjugé favorable envers le secteur public, peu importe ses travers, son inefficacité incontournable et le gaspillage éhonté qu’il engendre.

On s’attendait également à ce que la CAQ, un parti pragmatique de centre-droit, occupe la position opposée du spectre et se prononce en faveur de la distribution du cannabis par le privé ou du moins, qu’elle soit assez ouverte à celle-ci.

Or, le 13 octobre dernier, la CAQ a pris tout le monde par surprise en dévoilant une incroyable position “craque pot” : non seulement elle s’enligne sur les partis de gauche, mais pour se démarquer davantage, elle se positionne comme la plus radicalement anti-cannabis de tous les partis. 

Si vous en doutez, écoutez la conférence de presse donnée par les députés Simon Jolin-Barrette et Lise Lavallée de la CAQ que nous avons insérée au bas de cet article. Le visionnement vous rappellera la série culte “Au-delà du réel”.

Voici en gros ce que les Ayatollahs de la CAQ recommandent comme encadrement législatif pour le cannabis :

  • Confier la distribution et la vente légale du cannabis à la SAQ par le biais d’une filiale à créer (une société d’État qu’il veulent pourtant abolir);
  • Comme en Ontario, vendre le cannabis dans des magasins à part des succursales d’alcool, mais en nombre limité, aux heures d’ouverture réduites, et loin des écoles et garderies (à ce titre, on précise que les lois municipales de zonages devront être revues);
  • Hausser l’âge légal d’achat du cannabis à 21 ans (alors qu’à peu près tout le monde s’entend déjà pour le 18 ans);
  • Interdire toute vente en ligne du cannabis (aucun moyen possible de contrôler ça, mais peu importe);
  • Interdire à toute personne de faire pousser des plants chez eux (la loi fédérale permet quatre plants d’un mètre de hauteur chacun);
  • Diminuer la possession légale de moitié, soit de 30 grammes (loi fédérale) à 15;
  • Imposer des amendes pénales élevés à toute personne qui en vend aux jeunes, qui en achète sans avoir l’âge légal ou qui en fait pousser chez lui;
  • Permettre aux propriétaires de logement d’interdire la consommation de cannabis dans les baux;
  • Adopter l’emballage neutre pour tous les produits du cannabis;
  • Interdiction de faire toute promotion, publicité, annonce (voire même de chuchoter le mot cannabis, pourrait-on suggérer);
  • Interdiction de transporter du cannabis de quelque moyen que ce soit entre les provinces;
  • Rapatrier toutes les taxes fédérales perçues pour ce produit au Québec.

Première réaction : ce plan est quasiment plus répressif envers le cannabis que le régime actuel, ce qui n’est pas un mince exploit.

Deuxième réaction : au ton alarmiste, fatidique et funéraire employé par les deux députés de la CAQ, on se demande l’espace d’une seconde s’ils n’ont pas confondu cannabis avec fentanyl.

Combien de morts le cannabis a-t-il causé l’année dernière? N’est-ce pas zéro ou proche de zéro? Et l’alcool vendu par la SAQ? Et le tabac vendu légalement?

Devant ce feu d’artifices d’amendes, d’interdits, de contrôles et de monopoles tous acabits, DepQuébec ne peut s’empêcher d’y aller de quelques suggestions d’ajouts de son cru pour agrémenter ce beau programme :

  • Ouverture des magasins de la POT-SAQ de midi à midi cinq seulement, soit cinq minutes par jour maximum et ce, une journée seulement dans l’année, soit le 29 février.
  • Maximum de quantité vendue par personne : une feuille de cannabis par mois;
  • Sentence de prison de 99 ans à quiconque est reconnu coupable d’avoir fumé un joint à moins de 10 km d’une zone où pourrait se trouver un enfant.

Blague à part, il est consternant de voir avec quelle facilité les ténors de la CAQ sacrifient des pans entiers de libertés fondamentales sur la base de leurs préceptes moraux.

S’est-elle bien rendu compte qu’à l’heure actuelle, le cannabis est la drogue illicite la plus souvent consommée par les élèves du secondaire? Selon l’Institut de la statistiques du Québec, 23 % en ont consommé au cours des 12 derniers mois en 2013 (ETADJES 2013), soit LE QUART DES ÉLÈVES. Quant au tabac, un produit vendu légalement mais aux adultes seulement, la prévalence se situe à 12% en 2013, soit la moitié du cannabis!

La CAQ devrait savoir tout cela, mais elle s’est égarée, victime des chants de sirêne des lobbies subventionnés de la pureté hygiénique dont elle est devenue le haut-parleur officiel et dont elle a adopté le programme mot à mot, jusqu’à l’emballage neutre.

Et c’est dommage pour tous les Québécois qui espéraient voir dans la CAQ une alternative crédible aux libéraux de Philippe Couillard.

Car fort de cette nouvelle vision “craque pot”, nombreux sont ceux et celles qui les jugeront désormais inaptes à gouverner, voire même dangereux pour le maintien des libertés.

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