EXCLUSIF : Seuls les dépanneurs offrant des denrées alimentaires essentielles seront tolérés

Après le célèbre appel idéaliste « du pain et des roses », la crise sanitaire actuelle fait maintenant place à un nouveau réalisme, soit celui « du lait et des oeufs ».

En effet, après une semaine folle de valse-hésitations, de messages contradictoires et de confusions diverses au sein du gouvernement quant à savoir QUI peut rester ouvert et QUI doit impérativement fermer parmi les dépanneurs « à la marge » de la catégorie comme les tabagies et les biéristes, DepQuébec a enfin obtenu un semblant d’éclaircissement qui devrait, espérons-le, apporter des précisions grandement attendues sur les exigences réglementaires exceptionnelles à suivre en temps de crise.

Car pour ce qui est d’être qualifié comme service essentiel ou pas, de nombreux exploitants ne savent plus où donner de la tête en ces temps incertains pour les prochaines semaines, voire même les prochains mois, certains ayant même reçu des avis, voire la visite des autorités et parfois aussi, des ordres de fermeture sous peine d’amende.

DepQuébec a toutefois appris que les autorités de santé publique chargées d’appliquer le règlement sur les services prioritaires devraient, selon nos indications, tolérer les commerces comme les tabagies et les biéristes — mais aussi les boutiques alimentaires spécialisées — qui offrent minimalement dans leur inventaire des denrées alimentaires essentielles comme par exemple, du lait et des œufs.

Autrement dit, dans l’esprit des autorités, les dépanneurs qualifiés d’essentiels sont ceux qui offrent de quoi survivre et subsister de manière basique. Cette règle s’applique à tous, à savoir non seulement les dépanneurs à la marge mais aussi, à d’autres types de commerces d’alimentation qui offrent une sélection de produits très pointue comme, par exemple, une boutique de bonbons ou de chocolat, qui ne seront pas dès lors considérés comme « prioritaires ».

Cette philosophie viendra ainsi guider de manière générale les autorités, dont la police elle-même, dans l’application de la présente mesure et cela, au-delà de la simple liste publiée en ligne (voir ici).

De sorte que si vous êtes une tabagie ouverte au public et que votre offre alimentaire se limite à des boissons gazeuses, de l’eau et des confiseries, vous n’aurez qu’à ajouter du lait et des œufs, par exemple, dans vos réfrigérateurs pour vous conformer. Ainsi, non seulement vous pourrez rester en affaires et l’esprit tranquille mais en plus, vous ferez votre part pour mieux soutenir les besoins de la population en ces temps difficiles.

Boutiques spécialisées de tabac ou de vapotage… c’est NIET

Contrairement donc à ce qu’on nous avait laissé entendre en fonction des informations reçues, les boutiques spécialisées qui vendent du tabac ou du vapotage et qui, de fait, interdisent l’entrée de leur commerce aux mineurs de manière à pouvoir étaler leurs produits à la vue des clients, ne pourront pas pour leur part rester en affaires au cours des prochaines semaines.

Ces commerces sont régis par des articles de loi différents et ne peuvent pas, notamment, vendre autre chose que des articles spécialisés. Ils ne peuvent donc pas proposer ou voire même ajouter à leur offre des denrées alimentaires essentielles sans modifier du coup le statut légal sous lequel ils exploitent leur commerce.

différentes sortes de tabagies
À gauche, la boutique spécialisée Blatter & Blatter a fermé ses portes jusqu’au 14 avril, comme l’exige le gouvernement tandis qu’à droite, la Tabagie Grand-Père de Louiseville, qui permet l’accès au grand public, aura la Sainte Paix dans la mesure où elle offre au moins du lait et des oeufs.

Cette décision prise de ne pas les inclure parmi les services essentiels — notamment les vapoteries — provoque de forts remous au sein de l’industrie et nous n’avons certes pas fini d’en entendre parler, mais pour le moment, c’est très clair: ces commerces doivent rester fermés pour se conformer à la directive en cours.

Oui mais moi, j’ai un permis d’épicerie!

Pour ce qui est des biéristes, la situation semble quelque peu confuse là aussi. La plupart s’estiment d’emblée à l’abri des fermetures étant donné qu’ils ont un permis d’épicerie, que les épiceries figurent sur la liste des services essentiels et aussi, que peu semble-t-il ont été approchés par les autorités. Mais cela pourrait changer.

En effet, il va de soi que le permis d’épicerie n’est aucunement un sauf-conduit pour rester ouvert. Bien qu’il s’appelle ainsi, ce n’est pas un permis d’épicerie comme tel, mais bien plutôt un permis d’alcool délivré par la RACJ aux détaillants leur donnant le droit de vendre de la bière et une sélection limitée de vins et autres types d’alcool en dehors du réseau de la SAQ.

Toutefois, il est vrai que ce permis s’accompagne d’une obligation d’offrir un minimum de valeur de produits alimentaires mais comme nous l’avons déjà souligné (voir article ici), ce minimum peut se limiter à l’offre de denrées alimentaires non essentielles, comme par exemple des sauces piquantes.

biériste typique
Comme l’illustre cette photo d’un biériste typique, il ne saute pas aux yeux que ce commerce offre des denrées alimentaires essentielles. Mais il suffirait, pour l’heure, d’y ajouter au moins du lait et des oeufs pour se conformer. Une précaution qui ne coûte pas cher et qui pourrait épargner de longs et péniples arguments avec les autorités.

La plupart n’ont toutefois rien à craindre dans la mesure où, en plus de leur vaste sélection de bières, ils offrent aussi une riche variété d’aliments comme des charcuteries par exemple. Mais tous auraient intérêt, là aussi, à s’assurer d’offrir au moins du lait et des oeufs pour éviter toute mauvaise surprise ou visite des autorités.

Et contrairement aux boutiques spécialisées de tabac et de vapotage, rien n’empêche aussi les biéristes de se lancer dans la livraison, ce que la plupart font présentement. Certains, comme Bière Dépôt Au Vent du Nord à Sherbrooke, ont préféré fermer leurs portes et miser sur la livraison.

« On sait que techniquement, on pourrait être encore ouvert, mais on a décidé de faire passer la santé publique, celle de nos clients et de notre staff en premier. Et comme on avait une option pour continuer à mener nos affaires malgré les fermetures, on a décidé de faire cet effort pour assurer la santé de tous et de toutes. » – Bière Dépôt Au Vent du Nord via Facebook

Bref, à chacun d’adapter ses stratégies d’affaires comme il le peut à la crise sanitaire en cours!

Ouvrir ou fermer?… telle est la question

Tandis que les supermarchés, épiceries et dépanneurs traditionnels ont le devoir de rester ouverts, ceux qui sont disons plus spécialisés ont une décision à prendre.

Les propriétaires de tabagie qui ne sauraient survivre financièrement à une pause trop longue ne devraient pas hésiter à rester ouverts, quitte à ajouter du lait et des oeufs pour ce faire. Pour ceux qui, toutefois, ont les moyens de prendre une pause de plusieurs semaines sans risquer la survie de leur commerce, il vaudrait peut-être mieux, à ce moment, de fermer carrément pour le bien de la communauté.

En fait, c’est une décision personnelle délicate à prendre en tenant compte d’une foule de facteurs, autant économiques que sanitaires que pour soi-même et pour le bien collectif. Car si un commerce autrement viable devait fermer ses portes pour toujours dans la foulée de cette crise, ça n’arrangera en rien la communauté à long terme alors que s’il reste ouvert pendant la crise en prenant toutes les précautions requises et en contribuant à la fourniture de denrées essentielles, c’est une alternative toute aussi socialement responsable.

Il est fondamental de faire tout pour prévenir la propagation du coronavirus en gardant en tête qu’au terme du processus, il faut espérer reprendre la vie comme on l’a laissée et ainsi, éviter le plus de dommages possibles à l’économie et aux emplois.

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