EXCLUSIF : Crise des tabagies? Au moins une sur 10 a fermé ses portes depuis quelques années
Peu importe qu’elles se trouvent dans un mail commercial, un édifice à bureau, une station de métro ou un coin de rue achalandé: ces temps-ci, elles semblent toutes destinées à passer à la trappe.
Véritable institution du paysage commercial québécois, les tabagies vivent de fait une très forte pression depuis que leurs principales catégories ne cessent de s’éroder, avec pour résultat qu’on les voit fermer les unes après les autres depuis quelques années.
En effet, un recensement des fermetures de dépanneurs compilé cette semaine par DepQuébec a fait clairement ressortir cette triste tendance qui s’exprime par un nombre anormalement élevé de tabagies dans le lot.
Sur les 288 fermetures de dépanneur recensées par le portail web depuis deux ans, 46 sont des tabagies, soit 16% du total alors qu’elles ne comptent que pour 5% de l’ensemble du réseau de détail (400 tabagies environ sur un total de 7750 commerces d’alimentation).
Elles plient donc bagage à un rythme trois fois plus rapide que les autres commerces, au point où une tabagie sur 10 environ a fermé au Québec depuis quelques années seulement, une véritable chute libre sachant qu’elles existent depuis des lustres.
Une tempête quasi-parfaite
Les difficultés d’affaires que connaissent les tabagies s’expliquent aisément:
- baisse de la demande du tabac suite aux récentes hausses de taxes ainsi qu’aux ravages soutenus de la contrebande;
- crise des médias et des magazines engendrée par la popularité grandissante d’internet;
- consolidation des revenus de loteries qui, depuis plusieurs années, peinent à maintenir leur rythme de croisière alors qu’augmentent les ventes en ligne.
Ces défis obligent les tabagies à se réinventer en misant sur des catégories complémentaires.
C’est le cas de la chaîne Tabamag qui a vu plusieurs de ses magasins fermer ou convoler vers d’autres bannières dans la foulée de sa vente, il y a deux ans.
L’un de ses exploitants encore en opération a expliqué à DepQuébec que si, effectivement, les temps sont difficiles, il y a moyen de s’en sortir avec un peu d’imagination.
« Il faut se tenir au goût du jour. Si on ne s’en tient qu’au tabac et aux journaux, c’est très difficile. Pour notre part, on mise sur les produits de vapotage et les cartes sportives et ça va relativement bien ». – Exploitant Tabamag
Tout n’est pas perdu
C’est aussi l’avis de Pierre Audet, propriétaire de la Tabagie King à Sherbrooke. Mais en ce qui le concerne, miser sur le tabac et les journaux est exactement ce qu’il a décidé de faire!
« Le plus dur que j’ai vécu, c’est la contrebande de tabac dans les années 1990 et en 2008. À part ça, il a fallu s’adapter bien sûr, mais rien n’a été aussi dur que ces deux épisodes ». — Pierre Audet
Ouverte depuis 1965, la Tabagie King a vu passer toutes les modes et les époques. Pierre Audet en a fait l’acquisition voilà déjà 33 ans, en 1985.
« Quand j’ai commencé, 95% des revenus provenaient du tabac et seulement 5% de la gomme et du chocolat », raconte-t-il.
Mis à part la contrebande, un des grands chocs est survenu lorsque Costco est arrivé en ville.
« Costco vendait les cartons de cigarettes moins chers au détail que moi je les payais au prix de gros. J’ai tout de suite vu mes ventes diminuer à l’époque », se rappelle Audet.
Sentant qu’il ne pouvait se fier sur le tabac, Audet décide d’approfondir ses catégories.
« J’ai décidé que si les autres délaissaient le tabac ou les revues, moi j’allais devenir un plus grand spécialiste encore, afin de m’imposer comme une destination auprès des consommateurs », de lancer Pierre Audet.
Et ça marche!
Comme quoi en affaire, il y a toujours moyen de tirer son épingle du jeu avec un peu d’audace, d’effort et d’imagination!
bonjour je suis la propriétaire de Tabagie Tabapresse a saint constant depuis 10 ans.
puis on a jamais fermé nos portes.
Merci pour votre information
Bonjour : bien oui, vous avez raison… erreur de notre part, toutes nos excuses. Merci de l’avoir communiqué. Au plaisir!